D’habitude, je ne m’attarde pas sur les déclarations des politiciens et autres fonctionnaires zélés. Ce n’est pas ma tasse de thé ! Je l’ai toujours dit et de tout temps : Quand nos politiciens parlent, s’ils ne sortent pas des énormités, ils descendent en dessous de la ceinture.

Pourquoi donc pensez-vous à Me Nafissatou Diop Cissé ? C’est à croire que la pratique de la politique rend idiot sous nos cieux. Cela donne souvent des déclarations d’une ineptie plate. Et c’est dramatique de voir des gens sensés être racés descendre aussi bas en jouant sur la sémantique pour édulcorer  les choses.

C’est en cela que s’est exercé M. Seydou Guèye, Secrétaire Général du Gouvernement et porte-parole de son parti, l’Alliance Pour la République (APR), celui au pouvoir. « Il n’y a pas de  colère dans la banlieue. Il y a des réactions normales et naturelles » a-t-il soutenu sans honte. En d’autres circonstances, on se paierait, volontiers, un fou-rire terrible. Mais voilà ! Face  au désarroi de la banlieue, on met notre rire en suspens. En voilà des messieurs qui doivent rouler dans des voitures aux vitres teintées ou qui tirent les rideaux de leurs bolides pour ne pas voir la crasse dans laquelle se vautre une bonne partie de nos compatriotes.

Il y a quelques jours, un journaliste avisé qui vit dans la banlieue et partage les affres des populations qui y habitent, cet ainé respecté dans la profession, donc, me disait ceci : «  Boy, je crains pour ce pouvoir, la colère gronde de partout dans le pays et j’ai l’impression que les nouveaux hommes forts du pays  se sont crevé les yeux  et bouché les oreilles ». Et bien sûr, ca va aller crescendo jusqu’au jour où la banlieue se réveillera pour prendre d’assaut  la capitale. Eh bien, messieurs du pouvoir,  sachez qu’il y a plus que la colère dans la banlieue et y a pas un autre mot plus fort que la colère. On verra bien…

…A ce rythme, beaucoup de Sénégalais risquent d’être inéligibles si les propositions de réforme de la loi pénale annoncées par Mme Mimi Touré, la dame de fer du président Macky Sall, sont adoptées par l’Assemblée nationale. En annonçant que toutes les personnes reconnues  coupables de détournement de deniers publics  seront inéligibles pour dix ans, ça sent à mille lieues le règlement de comptes. Une loi scélérate qui pourrait constituer un vrai danger pour tous les politiciens qui ne partagent pas les mêmes vues que ceux qui sont au pouvoir. Lesquels, entre parenthèses,  ne sont pas plus vertueux que ceux qu’ils veulent mettre hors du jeu politique. Nous sommes au Sénégal et on se connait tous. Gare alors à la délation !

La délation, c’est à ce jeu puant que s’est livré  le Directeur du Patrimoine Bâti, Aliou Mara, qui ne fait pas preuve de discrétion eu égard à sa position de fonctionnaire de l’Etat. Son interview parue dans le quotidien « Le Populaire » du lundi 19 août 2013 est d’une répugnance  effarante. Quand ce Monsieur va jusqu’à livrer des noms de ministres  de l’ancien régime pour  dire de façon péremptoire que des parents de l’ancien président de la République, Me Wade, occupent des maisons conventionnées, il se départit de son obligation de réserve.

On peut se demander s’il détient par devers lui l’arbre généalogique de l’ancien président pour savoir qui est son parent et qui ne l’est pas. Ces messieurs dont parle le directeur du Patrimoine bâti ont certainement le tort de porter le patronyme Wade. Que tous les Wade donc, sans exception, soient lynchés. Pis,  le Monsieur manque de retenue quand il poursuit, histoire certainement de régler des comptes. Et voilà ce que cela donne. «  Il  y a des gens qui logeaient peut-être même leurs copines, je ne sais pas ». Vous avez bien lu le « peut –être » et le « je ne sais pas ». Il ne sait pas, mais il accuse sans savoir. Un sale gosse aurait dit qu’il… comme il respire.

Voilà un Monsieur qui doit remuer mille fois la langue avant de dire des énormités. Les gens de cet acabit et tous leurs semblables ne sont pas ma tasse de thé. Son interview est d’une vilenie abjecte. Le mot de la fin revient à Mimi qui affirme de gaieté de cœur : «  Rira bien qui rira le dernier » face  aux jubilations des amis de Karim. Et, plus généralement, pour répondre à tous ceux qui prédisent que la traque des biens mal acquis ne donnera rien.

A travers cette phrase, on peut y lire toute la folie vengeresse d’une dame qui tient à humilier ses adversaires. Vous comprenez maintenant pourquoi je déteste tous ces « politichiens » et ces fonctionnaires zélés ! Autant de messieurs et dames qui ne font pas du tout preuve d’une élégance d’esprit. De la hauteur, messieurs-dames !

Alassane Seck Guèye, pour Le Témoin

source : https://www.afriquinfos.com/articles/2013/9/6/tasse-230042.asp